vendredi 15 janvier 2016

Nice-Matin : une polémique qui sent le gaz-oil

Article de Nice-Matin du 15/01/16 en pdf

Transcription :

Attaqué dans un article du Point qui fustige la solution choisie pour évacuer des traces d'hydrocarbures relevées après les inondations d'octobre, le parc Antibois crie au faux procès.

Le parc antibois, Marineland, de nouveau au cœur de la polémique?
C'est ce qui transpire de l’enquête mise en ligne le 13 décembre dernier par le site Internet du Point.

Intitulé « Quand Marineland pollue... En douce », l'article démontre que dans les jours qui ont suivi les inondations meurtrières des 3 au 4 octobre derniers, le parc aquatique aurait pompé des résidus d'hydrocarbures déversés dans le bassin des orques.
Avant de les reverser dans le Maire, ce petit ruisseau qui serpente entre les installations du parc avant de se déverser dans la Brague.
Puis dans la mer.

Des hydrocarbures en aval du parc

Pour appuyer son enquête, le Point a financé deux prélèvements d'eau effectués le 21 octobre.
Un peu plus de quinze jours après la catastrophe. Mais surtout après un état des lieux dressé par le parc lui-même - conférence de presse à l'appui sur place - loin de convaincre les nombreux journalistes invités à constater les dégâts.
Et à poser toutes les questions auxquelles le parc avait refusé de répondre (nos éditions du 15 octobre) jusqu'alors.
Ces deux prélèvements effectués dans le Maïre - en amont, dans la zone de Vaugrenier, puis en aval du parc - diffèrent sensiblement.
C'est le très sérieux laboratoire lyonnais Carso, agréé par le ministère de la Santé, qui le dit.
En amont, pas de trace d'hydrocarbures ni de chlore utilisé pour désinfecter le bassin.
En aval, en revanche, leur présence ne fait plus aucun doute.
Pour les journalistes comme pour la militante Caroline Delompré, coordinatrice de l'ONG Sea Shepherd Nice contactée hier : « c’est la double démonstration que l'eau pompée provenait bien du bassin des orques. Que cette eau était chargée en hydrocarbures. Et qu'elle a ensuite été déversée dans un ruisseau qui irrigue des puits, un camping, avant de rejoindre la mer via la Brague.»

Une enquête à charge

De nouveau translucide, c'est la présence supposée d'hydrocarbures dans les eaux du bassin des orques au lendemain des inondations, qui créé de nouveau la polémique.
Rendez-vous est donc pris à la hâte sur le site.
C'est Jon Kershaw, le directeur zoologique de Marineland qui nous reçoit.
Presque quarante ans de show aquatiques derrière lui.
Hier, sous la pluie qui ne cesse de tomber. Dans le froid et la grisaille, Marineland continuait de panser ses plaies. « C’est hallucinant la façon dont ces personnes nous traitent » fustige d'emblée Jon.
«Tout est faux et je ne me suis pas gêné de le leur dire. À commencer par la présence d'hydrocarbures dans le bassin. Si cela avait été vrai, toutes les orques auraient péri. »
On se souvient que Valentin, une orque du parc, est décédé durant les inondations.
Officiellement d'une torsion de l'intestin.
Le 16 octobre dernier, du reste, Sophie Béranger-Chervet, la directrice départementale de la Protection des populations (DDPP) déclarait dans ces mêmes
colonnes : « Le bassin a été submergé par une vague. Elle était chargée de matières polluantes, vraisemblablement du gasoil. »
Un gasoil que le parc aurait donc pompé avant qu'il ne soit rejeté dans le Maïre?
« C'est archifaux », tempête Jon Kershaw. « II faut vous imaginer la scène que c'était, ici, au lendemain du déluge. Un lac à perte de vue. Avec des carcasses de voitures, des cadavres d'animaux et pas seulement du parc. Des cuves de mazout... On aurait dit un terrain de guerre. Alors allez savoir d'où venait cet hydrocarbure? En plus, il n'y a pas que le Maïre qui passe dans le parc. Mais un autre vallon qui provient directement des hameaux situés au nord du bassin et qui collecte toutes les eaux pluviales. »
Jon Kershaw ne réfute pas la présence d'hydrocarbures.
« On le voyait, ça irisait à la surface de l'eau. On le sentait aussi. Mais je vous assure qu'il ne venait pas du bassin des orques qui a été relativement épargné par la vague. E! la seule pollution relevée et transmise à la DDPP était minérale. « boue et sable. »
Quant à l'engin de pompage décrit par le Point?
« C'est la pompe dont nous nous sommes servis pour vider le local technique situé sous les gradins, noyé sous six mètres d'eau. Et où se trouvait le système, heureusement étanche, de filtrage du bassin grâce auquel nous avons pu rétablir la clarté des eaux au bout d'une dizaine de jours quand l'électricité est revenue. »
Encore marqué par un événement qu'il n'oubliera jamais et qui a mis au chômage technique plus de 2/3 des effectifs du parc, Jon Kershaw insiste:
« La DDPP est là depuis le lendemain des inondations. Elle a été régulièrement tenue au courant. On ne peut pas tricher avec l'État, sinon c'est la prison. »
On ne badine pas avec la sécurité des populations.
C'est le message que fait passer aujourd'hui Marineland en pleine reconstruction.

GUILLAUME BERTOLINO

guibertolino@nicematin.fr

Réouverture au printemps

« On a le temps et l'argent ».
C'est la consigne passée par Parques Reunidos, le groupe espagnol à la tête de Marineland depuis une dizaine d'années.
« Donc pas de précipitation pour la réouverture. On devrait être prêt avant l'été. Au printemps même, pourquoi pas. »
Secoué par de nombreuses polémiques dans la foulée des inondations (communication défaillante, condition des animaux... ) la scénographie du parc devrait changer.
Même si ce n'est pas lié se défend Jon Kershaw.
Exit le côté « bling bling » du bassin des orques.
Il devrait laisser-place à un programme plus « pédagogique ».
Davantage d'informations seront communiquées avec la nomination d'un nouveau directeur dans les prochains jours.

••••••••••••••••••
NDLR : 
Exit le côté « bling bling » du bassin des orques.
Il devrait laisser-place à un programme plus « pédagogique ».

Aucun doute, cet aménagement cosmétique leur a été très spontané !
••••••••••••••••••  

18 janvier 2016 : Suite de la polémique et réponse de SeaSheapherd
Le Marineland d’Antibes qui génère un chiffre d’affaires de 43 millions d’euros annuels* et dont la Fondation est une vitrine écologique censée véhiculer l’image d’un groupe soucieux de l’environnement, n’a pas hésité, pour des raisons purement financières à polluer l’écosystème en toute illégalité et à maintenir ses animaux captifs dans des conditions dangereuses pour leur santé.
* : Résultat net en 2014 de 5,5 millions

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire