mercredi 9 mars 2016

Marineland en Zone Rouge ou bleu… il va falloir choisir

En novembre 2015, peu après les inondations catastrophiques d'octobre de la plaine de la Brague ou est situé le Marineland d'Antibes, ce billet s'interrogeait sur la prise de risque de la réouverture du Marineland d'Antibes confrontée au bon sens commun quand le Directeur Animalier John KERSHAW lui-même évoquait une vague de 6 mètres ayant dévasté es installations du parc, emportant et tuant un nombre indéterminé d'animaux.

Les services de l'état n'ignorent bien sur rien des risques d'inondation et ne se contentent pas du simple bon sens commun comme on peut le constater sur ces études antérieures à la dernière inondation et mettent en évidence que ce qui est arrivé se produira à nouveau.

Scenario moyen
 Scenario fréquent
Scenario extrème
* Principes des Zones
Comme pour chaque plan de prévention des risques naturels, le PPRI (Plan de Prévention du Risque d'Inondation) s'appuie sur la carte des aléas et aboutit à la carte de zonage réglementaire.
La carte de zonage définit trois zones :
  • la « zone rouge » où, d'une manière générale, toute construction est interdite, soit en raison d'un risque trop fort, soit pour favoriser le laminage de la crue ;
  • la « zone bleue » où l'on autorise les constructions sous réserve de respecter certaines prescriptions, par exemple une cote de plancher à respecter au-dessus du niveau de la crue de référence ;
  • la « zone blanche », zone non réglementée car non inondable pour la crue de référence.
Sans doute possible les inondations, les accidents mortels et les destructions du 4 octobre 2015 ont gagné désormais le statut peu enviable d'alea de réference :

L’aléa de référence

L’aléa de référence retenu en France pour le zonage des risques naturels en vue de définir les modalités d’occupation et d’utilisation des sols correspond usuellement au plus fort évènement connu (sauf justifications) et, dans le cas où celui-ci serait plus faible que l’évènement centennal, ce dernier.
La probabilité de survenance d’un phénomène peut être déterminée à partir de sa « période de retour » : par exemple pour les crues, on la définit comme la durée moyenne qui sépare deux évènements de même « importance » ou de même « intensité ». La crue centennale d’un cours d’eau (débit centennal) signifie qu’elle a une « chance » sur cent de se produire chaque année. Néanmoins, il s’agit là souvent, pour nombre de phénomènes ou/et faute d’enregistrements suffisants, d’ordres de grandeur, parfois grossiers, destinés à faciliter les raisonnements en matière de risques et leur présentation au grand public.
La cartographie de l’aléa de référence doit prendre en compte de nombreux éléments, dont en particulier le niveau réel de sécurité assuré par les travaux et les ouvrages de protection (possibilité ou non de sur-aléa, estimation du risque résiduel) ainsi que tous les facteurs susceptibles d’atténuer ou au contraire d’aggraver le danger, dont les effets dominos.
Toutefois, l’expertise ne devrait pas se contenter de ce seul aléa de référence, car insuffisant pour assurer la sécurité des personnes en cas de survenance d’évènements plus rares. C’est pourquoi par exemple la circulaire interministérielle du 21 janvier 2004 demande aux préfets de prendre en compte les conséquences d’une crue exceptionnelle « hydrogéomorphologique » pour pouvoir après la délimitation des niveaux d’aléas, traiter les choix d’urbanisation, l’information de la population et la préparation de la gestion de crise.
De même, la phase « cartographie » de la directive européenne relative à l’évaluation et à la gestion des risques d’inondation (article L.566-6 du Code de l’environnement) est établie sur la base de 3 scénarios : 10-30 ans pour l’évènement fréquent, 100-300 ans pour l’évènement moyen (soit sensiblement l’aléa de référence du PPRI, les protections n’étant prises en compte que si elles sont spécifiquement identifiés comme résistantes à l’événement considéré) et un ordre de grandeur de 1 000 ans au moins pour l’événement extrême, mettant en défaut les protections existantes.
La circulaire du 16 juillet 2012 suggère en outre des pistes d’action particulière pour l’usage de ces différentes cartes, dont celle concernant les évènements extrêmes pour la préparation des plans « Orsec » et des plans communaux de sauvegarde (PCS).
Il peut être rappelé que la circulaire du 3 juillet 2007 relative à la consultation des acteurs, à la concertation avec la population et à l’association des collectivités territoriales dans l’élaboration des PPR, invite les auteurs du dossier à définir, entre autres, avec les collectivités territoriales les modalités de qualification de l’aléa de référence à retenir.
Cette association partenariale avec toutes les parties prenantes constitue une condition nécessaire à l’élaboration du PPR. Ainsi, si la cartographie des aléas, qui est le résultat d’une démarche d’expert, n’est pas négociable, rien n’interdit pour autant sa discussion afin de la compléter et de l’améliorer.
Il n’y a pas à ce jour de règles nationales sur la caractérisation de l’aléa, comme en ouvre la possibilité l’article L.562-1(VII) du Code de l’environnement, suite au Grenelle
2. Les guides méthodologiques PPR y suppléent d’une certaine façon ; en particulier, le nouveau guide méthodologique relatif aux PPRL est venu compléter et préciser le cadre méthodologique initié par la circulaire du 27 juillet 2011 relative à la prise en compte du risque de submersion marine dans les PPR littoraux : il donne une nouvelle philosophie de la qualification des aléas. En raison de l’intégration de l’impact du changement climatique, la nouvelle orientation, spécifique au risque littoral et conduisant à intégrer un aléa calculé sur la base de l’hypothèse pessimiste d’augmentation du niveau de la mer à l’horizon 2100, vaudra vraisemblablement pour d’autres aléas.
On apprend ce jour-ci que le Camping situé à proximité ne pourra pas reprendre son activité.

Il va être intéressant de voir les contorsions de toute nature qui permettront au Marineland d'Antibes de garder son statut le situant de Zone Bleu* après ce qui s'est passé.

Mais pour le moment, pas de contradiction ni le moindre problème administratif semble-t'il pour le Parc Marin qui ouvrira le 21 mars 2016.
 

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