dimanche 21 mai 2017

Suite… et fin de Marineland ? ou l'abolition «progressive» de l'esclavage.



Bouteille à moitié vide ou pleine ?, telle était la question faisant débat dans les diverses communautés s'opposant à la captivité et à l'exploitation commerciale des cétacés dans les Parcs Marins quand le Ministère de l'environnement lançait sa consultation publique.
Rendre un peu plus supportables des conditions de vie atrophiées mais moralement inacceptables était l'objectif à atteindre pour les uns.
Pour les autres : le « moindre mal » étant toujours le Mal, ils considéraient que ce niveau de « mal » n'étant pas négociable, il fallait interdire sans concession ces lieux d'exploitation et d'asservissement d'êtres vivants.

La bombe a explosé le 3 mai : la reproduction des cétacés sera désormais interdite dans les Parcs Marins français.

Une sorte de Jugement de Salomon satisfaisant les uns comme les autres tout en donnant au troisième le temps de se réorganiser et au personnel de changer de métier.

On trouvera regroupés ici la lettre ouverte des soigneurs (dresseurs ?) du Marineland d’Antibes, la pétition immédiate dûment mise en place et la réponse de Sea Shepherd France.

On observera que la contre-pétition de C'est assez « explose » quant à elle avec dix fois plus de signatures à ce jour que la pauvre supplique du Marineland d'Antibes.

La foudroyante fronde anti-arrêté n'aurait pu en effet venir des actionnaires sous peine d’un fou-rire incoercible - même des moins renseignés - à l'évocation des prétentions éthiques de cette usine à fric bien assimilées et régurgitées par le personnel.

Les « gentils-soigneurs » visiblement un chouilla neuneus mais soucieux de conserver leur boulot sans se poser trop de questions qui fâchent sans risquer des courts circuits neuronaux se sont donc fait promptement instrumentaliser par leur direction afin de monter aux créneaux et produire cette « lettre ouverte» dégoulinante du pathos le plus larmoyant que peut engendrer la littérature de gare, osant même en appeler pathétiquement au sens de la famille.

Ils s’épanchent là sans pudeur, nous parlent essentiellement d’eux-mêmes et de leur sentimentalité de pacotille 100% anthropomorphique… pour s’insurger principalement (et comme par hasard) contre l’interdiction de la reproduction des animaux alors que, soyons clair, ni les dauphins, pas plus que les orques n’ont jamais demandé à vivre claustrés dans ces bassines où on les stimule, jusqu’à pratiquer la branlette des mâles sans doute pour qu’ils puissent - à les entendre - mieux s’épanouir…

C’est lamentable intellectuellement, et tout simplement indigne.

Mesdames, messieurs montreurs de baleines essentiellement au service des actionnaires dont vous êtes les employés, si vous ZAIMEZ les animaux plus que vous-même, c’est à dire au-delà de votre plaisir personnel égocentré, vous vous êtes trompés de job.

C’est moche et c’est difficile pour tout le monde de se remettre en question, soit… mais vous pourriez au moins tenter de demeurer dignes et nous laisser espérer que vous avez un peu de recul et de jugeote en continuant à vous taire…


Arrêté du 03 mai 2017, paru au Journal Officiel le 06 mai.

Arrêté du 3 mai 2017 fixant les caractéristiques générales et les règles de fonctionnement des établissements présentant au public des spécimens vivants de cétacés.
«La reproduction des orques et des dauphins actuellement détenus en France est désormais interdite. Ainsi, seuls les orques et les dauphins actuellement régulièrement détenus peuvent continuer à l'être, sans ouvrir à de nouvelles naissances.»

Lettre ouverte des soigneurs de Marineland concernant l'arrêté du 03 mai 2017

Trois bassins, trente soigneurs, une équipe, et le même besoin de ne plus rester silencieux, parce que la vie nous importe.
Nous, les soigneurs de Marineland n'avons jusqu'à maintenant jamais réagi aux accusations de maltraitance envers les dauphins et les orques sous notre responsabilité, même si elles ont toujours été extrêmement blessantes.

En effet, elles le sont parce qu'elles sont fausses, parce que nous savons ce que nous apportons aux animaux.

Nous avions choisi de nous taire car elles ne sont pas proférées par des scientifiques ou des professionnels et pourtant l'impact sur l'opinion publique est énorme.

Si votre voisin est accusé de maltraitance envers sa famille, peu importe que les faits soient avérés ou pas, vous ne le regarderez plus jamais de la même façon.

Mais comment pouvez-vous penser une seconde que nous soyons capables de les maltraiter ?

Aujourd'hui nous devons réagir parce que nous ne sommes plus les seuls touchés, les conséquences vont directement impacter les animaux puisqu'il a été décidé par le ministre de l'environnement dans la nuit du vendredi 5 au samedi 6 mai d'interdire la reproduction des orques et des dauphins en captivité sans aucune concertation.

Cette décision est choquante car elle apparait dans un arrêté défendant le bien-être animal alors qu'elle le met en péril.

Sachez que nous avons choisi ce métier par amour des animaux.

Nous sommes des spécialistes expérimentés, formés, et passionnés.

Nous vivons avec les dauphins et les orques au quotidien. Ils nous donnent tout, nous leur devons tout.

L'expérience acquise au fil des années par les soigneurs présents chaque jour avec nos groupes d'animaux en les voyant évoluer, grandir, changer et se construire autour du groupe social nous permet de savoir ce qui est bon et bien pour eux.

Ces animaux avec lesquels nous partageons nos journées reçoivent des soins adaptés à leurs besoins :

Alimentation variée de qualité, stimulations intellectuelle et physique, enrichissement de leur environnement font partie des points primordiaux de chaque instant que nous passons à leur côté.

Notre unique objectif est de leur apporter toute l'attention nécessaire. Sachez donc que nous menons le mème combat. ce qui nous tient le plus à cœur est de protéger ces espèces et d'assurer leur bien être.

Oui nous faisons des séances interactives, oui nous donnons à chaque visiteur l'occasion d'aller au plus près de ces animaux, oui notre mission est de partager nos connaissances mais toujours et avant tout dans le respect et avec leur coopération, C'est grâce à la relation basée sur le respect et le partage que nous avons établie avec eux, que nous pouvons éduquer et sensibiliser chaque personne qui visite notre parc.

Des personnes de tout âge, des enfants, des assocIatIons soutenant des personnes atteintes de pathologie, des groupes scolaires, des familles, tous apprennent respecter le monde animal au contact des animaux.

Aucun livre, aucun reportage, si bien qu'il puisse être, ne saura remplacer cet instant. Parce qu'on est auprès de ces êtres vivants au quotidien, c'est une immense tristesse de ne pas envisager de futur pour ces ambassadeurs, « porte-parole » des océans, parce que les visiteurs nous ont montrés que mieux les connaître c'est mieux les protéger.


Enfin, cet arrêté présente de nombreuses incohérences. Vouloir améliorer les conditions de vie des animaux en captivité en interdisant la reproduction est un non-sens total. Comment peut-on parler de bien-être animal en les privant d'un des éléments indispensables à celui-ci ?

Nous aimons et respectons trop les animaux pour leur interdire le droit essentiel de se reproduire, essence même de la vie. Si la reproduction est interdite, c'est maintenant que commence la maltraitance.

Parce que la recherche nous a prouvé que ce sont des animaux très sociaux, la reproduction est la base de la survie du groupe, ainsi perpétuer l'espèce est un souci collectif.

Au-delà de la préservation de l'espèce, le respect des besoins physiologiques est une condition indispensable il leur bien-être, que nous nous devons d'assurer, comme le précise l'arrêté de Mars 2004, articles 10 et 17.

La privation de nourriture n'existe pas, la privation de vie sociale n'existe pas, la privation de reproduction ne doit pas exister si nous voulons continuer il respecter les animaux dans leur identité, ne nous demandez pas de les dénaturer.

Parce qu'aucun titre ne donne la légitimité d'enlever à Malou son instinct maternel, d'enlever à Rocky la chance de courtiser à nouveau les femelles, d'enlever à Dam la possibilité d'être père, et enfin d'enlever à Kai tout avenir.

Pour toutes ces raisons, nous, passionnés et amoureux des animaux, en notre âme et conscience, nous déplorons cette incohérente décision, et nous nous battrons parce qu'ils le méritent.

En tant que soigneurs qui aimons, respectons et soignons les animaux au quotidien nous souhaitons que la reproduction continue dans les parcs marins français pour le bien-être des dauphins et orques.

Afin que les générations futures puissent encore voir des êtres fantastiques dans les zoos, comme des millions de gens ont pu le faire jusqu'à maintenant. Et ainsi comprendre l'importance de protéger la nature et s'engager à la préservation des espèces en milieu sauvage.

Nous protégeons ce que nous aimons
Nous aimons que nous comprenons
Nous comprenons ce que nous connaissons
Nous connaissons ce qu'on nous a appris.

Les soigneurs de Marineland

Source

Réponse aux dresseurs du Marineland (Sea shepherd France)

L’arrêté du 3 mai 2017, en plus d’imposer quelques mesures visant à rendre un peu moins pénible la privation de liberté imposée aux cétacés, a réservé une surprise de taille aux delphinariums : la fin de la reproduction des individus captifs - assortie d’une interdiction d’importation - et donc à terme, la fin de la captivité en France.

L’annonce a fait l’effet d’une bombe du côté des delphinariums, en particulier au Marineland d’Antibes. Et pour cause, elle sonne le glas, à moyen terme d’une industrie lucrative, particulièrement pour le fond de pension britannique Arle Capital Partners, principal actionnaire de Parques Reunidos, multinationale aujourd’hui propriétaire du Marineland, qui affichait en 2014 un résultat net de 5,5 millions d’euros.

Dans une lettre ouverte en réaction au passage de l’arrêté les dresseurs du Marineland s’insurgent contre les accusations de maltraitance qui ne s’appuient selon eux, sur rien de scientifique.

Pourtant, de nombreuses études scientifiques attestent d’une évidence qui n’est plus contestée que par les delphinariums eux mêmes : les dauphins nés ou vivant en captivité mènent une existence bien plus courte et plus morose que leurs congénères libres, bien en deçà de leurs besoins physiologiques, de leur organisation sociale complexe et de leurs aptitudes émotionnelles extraordinaires qui par bien des aspects, dépassent celles des humains.
En plus de les renseigner sur leur environnement, leur sonar agit comme un décodeur des émotions qui leur donne accès à un monde sensoriel que nous n’imaginons même pas.

Dans leur lettre, les dresseurs jurent leur amour des dauphins mais le caractère cruel et douloureux de la captivité n’a pas grand chose à voir avec le sentiment d’attachement réel que peuvent éprouver les dresseurs pour les dauphins captifs. Les dresseurs - pour la plupart - aiment certainement les dauphins. Les dresseurs repentis de cette industrie comme John Hargrove, ancien dresseur à Sea World et Marineland, apportent à ce sujet un témoignage éclairant et parlent d’un aveuglement, d’une forme de naïveté profonde qui les a conduits malgré tout l’amour qu’ils portaient aux dauphins, à se rendre complices de leur calvaire.

Mais si nous ne doutons pas de l’amour des dresseurs pour les dauphins, ils restent dans un rapport de domination et d’exploitation d’animaux qui n’ont pas choisi d’être là et dont les conditions de vie en bassins interdisent à leurs besoins et aptitudes naturels les plus élémentaires de s’exprimer, à savoir utiliser leur sonar pour appréhender le vaste monde qui les entoure, chasser en groupe, sonder jusqu’à 100 mètres de profondeur, parcourir une centaine de kilomètres par jour, surfer sur les vagues, choisir leurs partenaires parfois pour la vie...

Etrangement, de toutes ces privations, la seule qui semble insupportable aux yeux des dresseurs est celle là même qui perpétue leur triste destin, génération après génération : la reproduction. Souvent obtenue par insémination artificielle, et/ou imposée à des dauphins qui ne se sont pas choisis ou encore par rapport incestueux. Combien de morts nés ? (l’orque Freya à Antibes a eu au moins 4 mort-nés). Combien d’infanticides ? (le jeune Aicko à Planète Sauvage ou encore la petite Aloa au Parc Astérix) Combien de petits arrachés à leur mère et de séparations, comme la dauphine Femke qui se laisse actuellement mourir de chagrin au parc Astérix depuis qu’on lui a enlevé son fils Ekinox, transféré dans un autre delphinarium ?

Les dresseurs d’Antibes prétendent que grâce aux delphinariums, les visiteurs apprennent à respecter le monde animal. Mais il n’y a pas de respect dans la contrainte et dans la privation de liberté. Le message transmis par les delphinariums est qu’il est acceptable d’enfermer dans des bassins minuscules des animaux physiologiquement taillés pour parcourir le vaste océan. Des travaux récents démontrent une évidence déjà induite par le bon sens, à savoir que les spectacles d’animaux captifs amènent les enfants à chosifier ces derniers et ne leur permet pas de développer rapport respectueux et empathique au monde vivant.

Dans cette relation du dresseur à l’animal, même parée des meilleurs sentiments, il n’ y a pas de respect. L’animal reste soumis à la domination humaine.

Vous, dresseurs du Marineland, qui "vivez avec les dauphins et les orques au quotidien", vous ne partagez pas leur prison. Chaque jour, c’est de votre plein gré que vous entrez dans le bassin et chaque soir, contrairement aux dauphins, c’est en toute liberté que vous en sortez et rentrez chez vous, retrouver ceux que vous aimez, ceux que vous avez choisi. Vous qui savez à quel point la psychologie et les aptitudes émotionnelles des dauphins sont proches des nôtres, vous qui de toute évidence les aimez, ne pouvez vous pas faire preuve de davantage d’empathie ? Echangeriez vous votre place avec la leur ? Si la réponse est non, alors au lieu de nous combattre, aidez nous à leur donner les clés d’une nouvelle vie.

Une vie où leurs instincts, leurs comportements physiologiques, leurs capacités cognitives et affectives extraordinaires seront libres de s’exprimer à nouveau. Des dauphins captifs ont déjà retrouvé la liberté, c’est possible. Pour monter de nouveaux programmes de réhabilitation de ces orques et dauphins à la vie sauvage, toutes les bonnes énergies seront nécessaires, la vôtre y aurait tout son sens. Comme vous le dites dans votre lettre, vous leur devez tout. Alors vous leur devez bien ça.

Que cette génération de dauphins captifs soit la dernière mais qu’elle ne soit pas pour autant une génération sacrifiée.

Nous protégeons ce que nous aimons.
Nous aimons ce que nous comprenons.
L’amour ne connaît pas de prison.

Source
Note :
Chronique de 10 jours de stage au Marineland d'Antibes (en 2014) d'un humain doté d'un cerveau :
J'ai vu les coulisses de Marineland