jeudi 19 octobre 2017

MARINELAND, quand le naturel revient au galop


En pleine contrition de façade après les dramatiques inondations qui auraient dû remettre en question jusqu'à l'existence même du Marineland d'Antibes pour de simples questions de mise en sécurité du public, les tauliers du Cirque Marin sommaient alors leur marketing de crise de redéployer tout le discours visant à légitimer la poursuite de ce commerce tellement juteux, créateur de dividendes mais malencontreusement dévasté par une nature vengeresse et dont la faune captive avait fait les frais en payant de sa vie.

Il n'était dès lors plus d'autre credo que la découverte, l'éducation, la pédagogie et toutes sortes de pseudo-initiations dévoyées au bénéfice exclusif du genre humain, ce qui pour l'industrie du spectacle et de la paillette clinquante va de soi.
Le débat tout simplement éthique ne se posant même pas pour nos hommes d'affaires bien servi par le petit personnel des dresseurs larmoyants ( ou «soigneurs» en novlangue ) tenus fermement en main par le Directeur animalier, l'inusable Kershaw, cramponné comme l'arapède à son rocher à l'intention d'obtenir la totalité de ses points de retraite… jusqu'au dernier pingouin, dauphin, orque encore vivants.

Affichage Octobre 2017, le naturel revient au triple galop (1) et les marchands en reviennent sans complexe aux bonnes vieilles recettes primaires de la retape de base qui a fait ses preuves : du saignant, du « qui fait peur », du sensationnel à deux balles et recuit au service de la propagation des idées reçues pour ignares.

 

Les Dents de la Mer… ça a toujours fait vendre, coco.


Pourtant, malgré le succès phénoménal du film, Steven Spielberg a dit plus tard regretter les effets induits de ce premier Blockbuster de l'histoire du cinéma (réalisé à l'âge de 28 ans) qui a encouragé les plus simplistes à l'extermination sans états d'âmes et dans l'indifférence générale de ces « sales bêtes » de requins en les chargeant de tous nos fantasmes d'humain, et les plus besogneux à les découper tout vifs par millions pour les rejeter à l'eau… mais dépouillés de leurs nageoires et ailerons.


Le Marineland d'Antibes, ne se pose pas de question visiblement sur ces télescopages logiques et en bon propagandiste de l'obscurantisme médiocre mais - qui rapporte un max -, le marchand de soupe est donc bien décidé à nous apprendre ce qu'il ne sait donc pas lui-même et juxtapose le cliché « Requin » et « Epouvante ». (2)
Scientifique et pédagogue en diable (c'est Halloween, hein ! coco…), il nous remet donc le même couvert quarante-deux ans plus tard, sans crainte du ridicule… car les vieilles marmites de sorcières font les bonnes recettes, surtout quand on est dénué de créativité vraie.

Les vacances de la Toussaint, donc les vacances scolaires, la récup marchande et artificielle d'Halloween qui n'a rien à voir avec la culture française et tout à voir avec les containers de saloperies diverses Made in China déversés dans les centres commerciaux, toute la médiocrité crasse de cette entreprise s'accumule ici… avec pour cible : les enfants.

Le rapport entre Halloween et la vocation du Parc Marin?
AUCUN, examinez l'affiche produite par ces aculturés de la comm., c'est pitoyable.

Décidément ces gens sont des cons de très grande envergure et prennent leur public pour leurs semblables.

Auraient-ils raison au moins sur ce « point de détail » ?

••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••

(1) Eternel recommencement, en mars 2016, le Blog Manipulation Marineland pointait déjà ces dérives du Parc Marin !

Non. Les zoos remplissent aussi des missions d’éducation, de recherche et de conservation :
  • ils sensibilisent les visiteurs à la nécessaire préservation de la biodiversité et transmettent leurs connaissances ;
  • ils développent leur expertise des animaux sauvages grâce à des études sur leur comportement social, leur alimentation, leur maladie, leur reproduction… ;
  • ils participent à des programmes d’élevage des espèces menacées.

vendredi 6 octobre 2017

Prévention… un train de retard



 

A méconnaîte l'histoire on prend le risque de la revivre.
Incroyable récit ci-dessous, dont la remarquable rédaction nous plonge puissamment dans le contexte de l'époque.
Nos sociétés sont sans mémoire… d'ailleurs on dirait bien que celle du drame d'octobre 2015 - qui lui aussi a tué du monde - s'estompe déjà.

Le train a plongé dans la Brague.

Le 24 janvier 1872, le pont, malmené par la crue, s'effondrait entraînant locomotive et wagons.

Traduction du texte de Charlotte Hawkins qui était rapidement sur les lieux

« …Ces torrents peuvent être terribles.
Prenez la Brague par exemple.
Alors qu’elle coule calmement à travers des rives fleuries, elle parait si passive et paresseuse que l’on peut à peine imaginer la catastrophe de janvier 1872.
De très fortes pluies sont tombées presque sans interruption durant seize jours et la rivière en crue finit par former un lac de deux kilomètres de long en amont du remblai de la voie ferrée au sud duquel par manque de chance battaient de très forts rouleaux. Les vagues et les galets empêchaient la rivière de s’écouler librement à son embouchure où par malheur près de là se trouve le pont du chemin de fer. Il est supporté par une pile autour de laquelle tourbillonnaient les flots en colère, et près de là frappaient les vagues qui déferlaient.
La ligne était en danger.
Le chef de gare d’Antibes télégraphia à Nice pour arrêter le train rapide de 17 heures. Mais les coups de vent avaient abimé les instruments et le message ne fut pas transmis. Suspectant quelque chose d’anormal, il envoya ensuite un homme à cheval pour passer la Brague à gué et pour avertir la gare suivante de Cagnes.
Mais ni l’homme ni le cheval ne pouvaient franchir un tel torrent. Il s’étendait si largement, et il coulait avec une telle force. C’est pourquoi le messager dut faire un détour si long par Biot qu’il arriva trop tard.
En même temps la nuit tombait. Depuis Antibes les employés pouvaient voir les lumières du train qui avançait à toute vapeur dans la pluie et la tempête.
Soudain le phare disparut comme des étincelles dans la nuit. La machine était tombée tête première à travers le pont avec son pilier effondré. Deux voitures tombèrent par-dessus jusqu’à la rupture d’un crochet d’attelage puis quelques voitures basculèrent sur le côté du remblai et finalement dans un choc terrible le train s‘arrêta.
Combien de vies furent perdues cette nuit-là, cela reste un mystère.
Mais le spectacle, le jour suivant, était impressionnant.
Il y avait encore un lac en amont du remblai ; les rails étaient brisés et tordus.
Deux voitures avec leurs côtés défoncés et ce qui avait été dans la mer, était maintenant sur la plage de galets et la locomotive, bien enfoncée dans le sable se trouvait au pied de la fissure béante qui permettait de voir où avait été le pont. De la pile, aucun vestige ne restait et les flots tumultueux de la Brague tourbillonnaient autour des épaves. Un bon morceau de ces épaves devait être allé dans la mer.
Cependant une Compagnie d’infanterie d’Antibes avait été mobilisée (ses hommes étaient fermement attachés les uns aux autres avec des cordes) ; ils cherchaient en tâtonnant dans le torrent qui atteignait leur poitrine, pour trouver plus de corps et s’efforçaient de trouver des survivants.
Tous ceux qui avaient de l’argent ou des amis étaient déjà partis mais dans une auberge de quartier à environ huit minutes de voiture, se trouvaient deux femmes isolées sans argent et un homme si affreusement blessé que les chirurgiens furent obligés de le trépaner sur place.
C’était un musicien et on m’a dit que dernièrement il a recouvré la santé, mais ses cris soulevaient tellement le cœur que j’ai suivi une des Dames Trinitaires jusqu’à la longue et basse pièce sous la toiture en charpente où une soi-disant anglaise reposait.
Dans le premier lit près de la porte, il y avait une jolie piémontaise d’environ treize ans dont les boucles brunes étaient pleines de sable. Sa figure était enfiévrée et sa respiration difficile. Elle avait une bonne congestion pulmonaire. Puis venait une étrangère qui se trouvait ne pas être une anglaise mais seulement une pauvre allemande exilée. Elle gémissait dans son délire suite à sa terrible lutte dans l’eau.
J’ai détrompé Mère Urbain au sujet de sa nationalité mais nous nous sommes mises d’accord pour n’en rien dire.
Car c’était encore peu de temps après la guerre ; les paysans auraient pu manifester de la mauvaise volonté et à Antibes dans le grand hôpital qu’elle dirigeait, Mère Urbain avait beaucoup de soldats blessés qui auraient regardé de travers une patiente allemande.
En ce qui concerne l’hôpital improvisé, je n’ai jamais vu de spectacle aussi triste.
La maison, pour commencer, était immonde au-delà de toute description et l’escalier si sombre qu’il en était dangereux. L’endroit était encombré de sacs de grains et de ballots de laine.
Ces derniers appartenaient sans doute à des couchages qui avait déjà ou qui devraient servir encore, et ils étaient naturellement pleins de mouches.
Un couple mal tenu et de mauvaise allure tenait cette auberge de misère, et gagnait de l’argent en montrant aux visiteurs le bassin du chirurgien et les autres restes abominables du déraillement.
Je n’oublierai jamais mon dégout ni la colère de Mère Urbain quand elle porta son attention sur une main humaine laissée dans un de ces paniers utilisés pour mettre les citrons.
Je dus retourner à ce lugubre endroit le jour suivant et bien d’autres jours encore, prenant mon tour avec une Dame d’Honneur Russe pour rendre visite à la pauvre allemande qui aussi longtemps que son délire et sa grande prostration durèrent, pouvait seulement rester en relation par intermittence avec ceux qui parlaient ou priaient avec elle dans leur propre langue.
Mais la Mère Urbain, comme on peut le supposer, remit rapidement en ordre cette déplorable chambre de malade et elle balaya aussi tous les restes du déraillement pour en faire un bûcher religieux à Antibes.
Je me rappelle en outre que la petite piémontaise après avoir crié pitoyablement Mamma Mamma pendant quelques jours fit une bonne convalescence.
Quant à la pauvre allemande, elle souffrit longtemps et péniblement, mais cela lui donna du temps pour un salutaire rétablissement. La dernière fois que j’ai entendu parler d’elle après qu’avec Olga S- je l’avais renvoyée chez elle près de Strasbourg, elle était convenablement mariée et elle avait toutes les raisons de bénir le bain soudain dans la Brague en crue.
La grande inondation du canal de la Foux en octobre 1882 fut un autre spécimen de ce que les ruisseaux peuvent faire. En l’espace d’une heure toute la partie basse du Boulevard du Cannet fut inondée, beaucoup de propriétés détruites et huit vies perdues. Le cortège funèbre de ces huit victimes qui furent inhumées aux frais de la Commune, fut un très étrange et touchant spectacle.
Elles furent suivies jusqu’au cimetière sur la route de Grasse par cinq mille cinq cents personnes affligées et inhumées dans une grande fosse commune au milieu de beaucoup de sanglots et de pleurs »
Source : Nice-Matin

jeudi 5 octobre 2017

MARINELAND, ou la mémoire courte…





Ce mercredi 4 octobre, Nice-Matin titre en gras sur sa page 2 et 3 :

Inondations : deux ans après, rien n’est oublié.

La lecture des cinq pages du dossier paru dans le quotidien évoque le drame humain et les inondations catastrophiques qui ont dévasté avec une violence inouïe la plaine de la Brague, ravagé des vies et même tué le 3 octobre 2015.
Il ressort de ce dossier que rien n'a été réalisé de significatif pour éviter un prochain désastre, et si les gens ont peur, rien ne bouge…

Et si rien n'est oublié, si les camping ont été fermés… pas un mot, par la moindre évocation du bilan du Marineland d'Antibes qui se situe à quelques dizaines de mètres de ces même campings, précisément dans ce cul-de-sac final où se sont rués la boue, les débris, les troncs d'arbres, les carcasses de voitures, les cuves de gasoil éventrées et le cortège des effluents divers (1).
Là où tout se déversera encore.

Légendes de ce plan sur cette page
Le Marineland est en plein cœur de la Zone à haut risque, son permis de construire est suspect (2), il en a été beaucoup question sur ce blog et rien n'est dit sur les éventuelles mesures de sécurité, les aménagements de secours du Parc Marin qui a été quasiment détruit ce soir-là en quelques minutes par la déferlante venue de l'intérieur, pendant la fermeture au public… par chance et par hasard.
Pas un mot sur la mort de la totalité des animaux de la petite ferme, la destruction des aquariums et de leurs locataires éparpillés dans la boue, pas un mot sur l'orque morte quelques jours plus tard, alors que la loi oblige pourtant à la possibilité de mise en sécurité des animaux captifs.

Ce soir-là, la vague les a engloutis, et tout le monde s'en fiche, à peine quelques lignes dans un bilan pour une perte d'exploitation à ajouter aux dégâts matériels.

Des «objets» sans importance, ni existence, totalement oubliés par Nice-Matin… il faut bien que les (grosses) affaires continuent.

Pour suppléer à l'amnésie des journalistes…
1/ Le temps des catastrophes
2/ Un peu d'histoire et quelques questions


Mise à jour du 7 octobre 2016 :
Conférence de presse PCF-FDG, un an après les inondations