jeudi 8 février 2018

850 000 ! et ta sœur… ?


Dans une tribune généreusement offerte à Marineland par Nice-Matin, Monsieur Pascal Picot directeur des attractions et des paillettes qui rapportent (mais ça… c'était « avant » le film Blackfish), déclare que le Marineland d'Antibes a reçu 850 000 visiteurs pendant l'été… ce qui donnerait à la louche, 9500 personnes par jour sur 90 jours… ce qui fait beaucoup de monde et pourrait même remettre à flot - si j’ose dire - , les questions soulevées par la sécurité du public en cas de prochain raz de marée intérieur qui ne manquera pas d’arriver (cliquer sur le Libellé « Inondations » dans la colonne de droite, ça déferle…).

Au lieu de poser les questions logiques mais qui fâchent, on a donc permis au boss de traiter pleine page et avec mépris et grande condescendance la pétition réclamant la fermeture des baignoires.


850 0000 !!! bande de nazes analphabètes…

Aucun questionnement pourtant basique de « journaliste professionnel avec carte » ne vient questionner cette affirmation qui avec l'aide active du quotidien ressemble pourtant à s'y méprendre aux très tendances « Fake-News » tellement stigmatisées par ailleurs.

En effet, comment se fait-il alors qu'une aussi « brillante » réussite commerciale (et trivialement revendiquée comme telle) ne voit pas ses comptes fièrement publiés comme pourtant la loi l'oblige de le faire ?

Une réalité pourtant bien simple à vérifier :


Le dépôt des comptes annuels et de leurs documents connexes au greffe du Tribunal de commerce est obligatoire pour plusieurs catégories de sociétés.
Concrètement, la formalité de dépôt vise à présenter des états, établis de façon régulière et sincère, reflétant, à la date de clôture de chaque exercice comptable, une image fidèle du patrimoine, de la situation financière et du résultat comptable de l'activité de ces sociétés. La comparaison d'un exercice à l'autre des données de ces documents permet d'en apprécier l'évolution dans le temps, et ainsi, notamment, d'estimer la solidité financière des sociétés concernées, autrement dit leur solvabilité à court, à moyen ou long terme.
Plus généralement, en pratique, la formalité de dépôt représente l'instrument indispensable de renseignement minimum sur les sociétés et donc un outil incontournable de décision au service des intérêts complémentaires de toute personne intéressée de près ou de loin par l'exploitation de l'activité de ces sociétés (dirigeants, associés ; investisseurs ; administrations ; créanciers tels que banquiers, fournisseurs ; clients, entreprises concurrentes ; Tribunaux de commerce et, éventuellement, autres autorités judiciaires chargées de la prévention et du traitement des difficultés des entreprises).
Pour toutes ces raisons, il apparaît ainsi capital que les comptes annuels et leurs documents connexes soient déposés dans le strict respect des prescriptions légales et réglementaires.
A peine quelques jours plus tard tombe cette fois l'enfumage de luxe (et probablement payant) de la « Certification » (c'est américain coco… donc c'est mega-cool !) relayé zieux-grands-fermés et par copié/collé par la grâce des Agences de Presse rigoureuses.

Que cette Certification « Humane Certified », décernée par le programme American Humane Conservation de l’association américaine American Humane (anciennement American Humane Association, AHA) pratique un lobbyisme plus que suspect n'effleure toujours pas nos journaleux eux aussi « certifiés » pourtant par les pros de la profession journalistique… les élites de référence se congratulent.

16/02/18 Mise à jour :
Le Marineland a-t'il payé pour obtenir son label de bonne conduite ? (Libération)

mercredi 7 février 2018

samedi 3 février 2018

Marineland : Au nom du Pèze, du Fric, du Bénéfice…



MARINELAND serait-il sous pression ?

Billet Invité :
Caroline Camus

Co-gestionnaire de SVP (Sans-Voix-PACA)

Si la Direction du Parc se réjouit de l'annulation de l'arrêté sur les reproductions, c'est une nouvelle qui n'aurait dû surprendre personne, ils savent aussi deux choses :
  • la première est que l'arrêté n'a pas été contesté sur le fond mais sur sa forme,
  • la deuxième est un public de plus en plus sensibilisé aux conditions misérables de la captivité.
Pour redorer leur blason, les locaux et touristes ne se laissant pas vraiment prendre à l'hameçon de la pseudo-pédagogie, le parc marin sort la carte magique de la science.
Cette semaine, est paru dans la presse un article dévoilant que l'orque Wikie pouvait prononcer quelques mots en anglais.
Le timing post Reproductiongate était parfait.
Malheureusement, cette découverte, aussi fascinante soit-elle, est aussi déplorable : Wikie serait « très motivée » apprend-on, Wikie qui avait mis au monde des petits à un très jeune âge et plus rapidement qu'une orque en captivité : deux naissances en 32 mois (Moana et Keijo) au lieu d'une seule tous les cinq ans selon la biologiste Naomie Rose (1).
Wikie ferait donc preuve de compétences langagières en captivité, elle arrive à reproduire des mots humains mais les humains arrivent-ils pour autant à vraiment communiquer avec elle ?

En août 2014, Arik Kershenbaum (2) publiait une étude démontrant que les vocalisations d’oiseaux ou de cétacés seraient plus complexes et structurées qu'on ne le pensait et auraient donc des points communs avec le langage humain.
Toujours en 2014, une étude publiée par les biologistes Luke Rendell et Hal Whitehead (3) mentionnait les dialectes spécifiques à chaque pod.

Quant à la motivation de Wikie :

(1) Why orcas should no longer be kept in captivity
(3) The Cultural Lives of Whales and Dolphins  ou ici dans sa version PDF
Le grain de sel de MaxB :

Commerce, industrie… mais pour leur bien
« C’est une excellente nouvelle pour nos animaux et les parcs zoologiques de France », explique Pascal Picot, directeur général de Marineland.
Les animaux peuvent donc « se réjouir de la bonne nouvelle » que représenterait l’annulation de l’Arrêté.

Focus sur les motivations réelles du Parc Marin qui n’hésite jamais à jouer sur tous les tableaux :
Marineland, contestant cet arrêté du 3 mai 2017 au motif notamment qu’il avait été adopté au terme d’une procédure irrégulière et qu’il portait une atteinte disproportionnée au principe de liberté du commerce et de l’industrie * en ce qu’il entraînait nécessairement la fermeture des établissements détenant des dauphins, les sociétés Marineland, Safari Africain de Port St Père et Grévin et compagnie ont saisi le Conseil d’État d’un recours demandant l’annulation de cet arrêté.
Source
* Le décret d’Allarde est en réalité une loi, datant des 2 et 17 mars 1791
« Le second objectif du décret d'Allarde est de permettre l'exercice libre d'une profession pour toute personne en ayant le projet, dans l'optique de développer le commerce et l'industrie en France.
L'État est tenu de ne pas porter atteinte à la concurrence à travers ses activités.
De plus, toute personne exerçant une activité publique peut se lancer dans une activité économique à condition que cela serve l'intérêt commun. »
« Commerce, Industrie », tout est dit : la bonne nouvelle concerne donc essentiellement les actionnaires…
« On va maintenant voir comment réécrire l’arrêté de 1981 avec les associations et les pouvoirs publics sur des bases scientifiques et non des croyances », assure Pascal Picot, le directeur général de Marineland ».
Le sérieux et les motivations pseudo-scientifiques de Marineland font pourtant plutôt grincer des dents que sourire d’autres scientifiques… >
Le sort des dauphins est donc entre les mains du gouvernement.

En conclusion, l’étude la plus sérieuse et définitive qui a marqué en son temps la communauté scientifique restera encore et pour longtemps celle-ci.

 Sur le même sujet :

19/05/17 Nice-Matin (Internet) La polémique suite à l'arrêté, résumée en 5 actes
02/08/17 Avocat Orques, dauphins et autres cétacés : l’arrêté de S. Royal boit la tasse. Un peu.
29/01/18 Avocat Dauphins : l’arrêté de Ségolène Royal boit de nouveau la tasse
29/01/18 Avocat Cirque juridique en droit administratif
29/01/18 Le Conseil d’Etat annule l’interdiction de la reproduction des dauphins en captivité


07/07/17 Mise à jour :
La science à reculons au Marineland d’Antibes 
Années 60, années 80, on le voit, l’idée des cétacés parleurs n’est pas neuve.
Article très documenté sur l'excellent site web Dauphins Libres

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